"CHEF D'ÉTAT EN HAÏTI: gloire et misères"
ISBN 99935-7-060-5
Chef d’État en Haïti: gloire et misères
L’histoire ne se confond pas avec l’histoire des hommes qui l’ont faite. Mais il suffit parfois d’un homme pour que l’histoire change de chemin. D’où, à nouveau, après une longue éclipse, la place de choix rendue à l’histoire politique et aux biographies. D’où l’intérêt de se pencher sur les détenteurs provisoires du pouvoir d’État en Haïti.
Mal connus, volontiers caricaturés, les chefs d’État haïtiens gagnent à être étudiés : leur profil, leur famille, les faits mar-quants de leur mandat, les hommes qui les ont entourés, leurs relations avec le monde extérieur, sont riches d’enseignement. Notre album invite à mieux connaître ces hommes qui, avec leurs incertitudes et leurs contradictions, de 1804 à 1986, ont rencontré leur destin à la tête de leur pays. Un travail sans complaisance qui veut restituer aux chefs de notre pays leur contingence et leur bonne volonté. Dans la gloire et le prestige de la fonction. Dans les misères quotidiennes de l’exercice du pouvoir dans un petit pays pauvre.
Une place est aussi faite aux présidents manqués, les candidats à la présidence qui ont marqué leur temps ; par leur capacité de mobilisation, leur séduction, et par le germe de guerre civile que portait en elle leur candidature. Quelques pages de synthèse enfin offrent une lecture géographique à travers les lieux de naissance des présidents, une lecture sociologique à travers les liens de parenté entre les chefs d’État et une lecture institu-tionnelle à travers les mécanismes d’accès à la présidence.
Retracer le parcours d’une vie, les étapes d’un destin, c’est important quand on tient l’histoire pour une contingence et que le rôle des individus apparaît comme déterminant sur le cours de l’histoire - même si l’on ne nie pas les pesanteurs sociologiques ou historiques.
Dessalines et son destin tragique interpellent. La biographie du premier chef d’État haïtien, esclave créole à talent (il était potier), pousse à s’interroger sur la personnalité du fondateur de la nation et à se poser des questions sur ce destin qui suscite encore, deux cents ans plus tard, remords et rancœurs. Il faut sans doute se référer au modèle jacobin de chef d’État que Sonthonax a importé dans la colonie pour comprendre pourquoi Dessalines arrive à créer cette insécurité des personnes (création des cours militaires à travers le pays avec l’Empereur comme tribunal suprême) et des biens (les enfants naturels non reconnus doivent rétrospectivement participer à l’héritage) et comment il arrive à rallier contre lui tous les groupes qui ont participé à la prise d’indépendance ...